Contrairement aux générations précédentes, la majorité des personnes âgées gardent aujourd’hui leurs propres dents. Le taux d’édentement augmente avec l’âge et dans la tranche d’âge 65‑74 ans, le nombre de dents manquantes est passé de 16 en 1992 à 10 en 2002 et 7 en 2012.
Grâce aux progrès médicaux, les personnes âgées ont aussi des restaurations dentaires de plus en plus complexes comme des prothèses soutenues par des implants (5 %).Les dents et les restaurations requièrent une maintenance continue qui devient de plus en plus difficile à assumer avec les limitations physiques, les maladies chroniques et les médications associées. Tout ceci impacte la capacité à maintenir des soins et une bonne hygiène, notamment bucco-dentaire.
Une hygiène buccale défaillante entraîne une accumulation de plaque dentaire, biofilm bactérien adhérant aux dents, laquelle engendre la destruction des tissus qui soutiennent les dents, notamment l’os alvéolaire, et la formation de poches parodontales dans le cadre d’une parodontite. Ce biofilm favorise aussi la formation de caries qui peuvent être situées au niveau des collets ou même des racines des dents dans le cas des personnes âgées. Les caries et la maladie parodontale sont les causes les plus fréquentes de la perte des dents chez les personnes âgées.
Radiographie montrant la destruction de l’os alvéolaire due à la maladie parodontale
A : niveau osseux après destruction osseuse de plus de 50 % de la longueur de la racine ; b : niveau d’attache de la gencive.
(Orthopantomogramme Dr N. Chebib).
La perte des dents se traduit par une sélection alimentaire avec une diminution de la consommation de légumes, fruits, protéines, minéraux et vitamines. Cette diminution, surtout de l’apport protéique qui accompagne la perte de la capacité masticatoire, aggrave la diminution de la masse maigre qui survient naturellement avec l’âge et aggrave la sarcopénie. Les personnes ayant une fonction orale compromise ont fréquemment un indice de masse corporelle et des concentrations d’albumine sérique diminués.
Porphyromonas gingivalis influence le développement de multiples affections inflammatoires chroniques. Grâce aux anticorps à réaction croisée (athérothrombose, polyarthrite rhumatoïde), augmentation des niveaux d'inflammation systémique (athérothrombose, polyarthrite rhumatoïde, dysbiose intestinale du microbiome, troubles métaboliques), ainsi que dysbiose globale du microbiome. (↑ = augmentation ↓ = diminution).
Parmi les bactéries orales présentant des effets systémiques, P. gingivalis s'est démarquée. Il a été détecté dans plusieurs tissus et organes malades chez des humains et des modèles animaux. La translocation de P. gingivalis vers les tissus distants tels que le foie ou l'articulation après administration orale et sa détection dans le cerveau de patients atteints de la maladie d'Alzheimer a conduit à un intérêt accru pour déterminer son rôle dans l'inflammation chronique.
MDPI and ACS Style
Mulhall, H.; Huck, O.; Amar, S. Porphyromonas gingivalis, a Long-Range Pathogen: Systemic Impact and Therapeutic Implications. Microorganisms2020, 8, 869.
